Migration au sein de la FPH

Une lente évolution plutôt qu’une brusque révolution

La migration de la FPH vers les logiciels libres a commencé en 2003 avec les tests d’OpenOffice et de Mozilla. La partie la plus importante de la migration bureautique a eu lieu à l’hiver 2004-2005 et la migration définitive vers des serveurs sous GNU/Linux à l’été 2006. La migration des postes de travail vers GNU/Linux est a été envisagée pour l’année 2007. Même si cela commence à dater un peu, la démarche reste intéressante à regarder et les commentaires toujours pertinents.

Point de départ

Le parc informatique de la FPH est plutôt hétérogène puisqu’il est renouvelé suivant les besoins. L’équipe de la FPH est elle-même fluctuante entre une quinzaine et une trentaine de personnes. Outre les membres de l’équipe, de nombreux bénévoles et partenaires gravitent autour de la FPH et profitent de conseils techniques (l’équipe de la FPH dispose en son sein d’un responsable informatique en plus de l’auteur de ces lignes qui jouent de conseils et de développement d’outils spécifiques).

En 2003, la situation était la suivante :

  • Ordinateurs : Windows 98, Millenium et XP, quelques Mac.
  • Bureautique : Word 97, Excel, quelques Word 2000 lorsqu’ils étaient fournis avec des portables.
  • Internet : Eudora pour le courrier électronique, Internet Explorer en différentes versions suivant les systèmes.
  • Serveur : Windows NT 4 (avec une base Oracle reliquat d’un développement avorté).
  • Logiciels spécifiques : logiciels de comptabilité, numériseur avec reconnaissance de caractères.

En outre, la FPH utilisait un logiciel de 1991 pour son annuaire et le partage d’informations internes (fiches de suivi).

Raisons de la migration

Outre la proximité de la FPH avec la philosophie des logiciels libres, la migration était justifiée par des considérations bien pratiques :

  • Homogénéisation des logiciels utilisés, avec possibilité de nouvelles versions régulières et non plus au cas par cas en fonction des achats,
  • Libre distribution et gratuité des logiciels : ce point n’est pas essentiel pour la FPH elle-même car celle-ci a les moyens d’acheter les logiciels qui lui sont nécessaires. Il est fondamental en revanche pour la relation entre la FPH et ses partenaires moins dotés : il permet par exemple de fournir à un partenaire africain de passage à Paris un cédérom avec les dernières versions des logiciels que la FPH utilise.
  • Coïncidence avec une modernisation des outils et du matériel : les serveurs GNU/Linux ont été mis en place à l’occasion d’un nouveau câblage du bâtiment de la FPH, la nouvelle génération de l’intranet de la FPH a été développé en utilisant des briques de logiciels libres et en se fondant sur des standards ouverts (par exemple, exportation de fiches au format odt).
  • Utilisation de formats d’enregistrement libres et ouverts : la FPH est très sensible à la question de la mémoire et au cours de son histoire informatique, elle est passée, pour le traitement de texte, successivement de FrameWork à WordPerfect puis à Word, pour finir à OpenOffice. A chaque passage s’est posée la question de la conversion des données et aujourd’hui encore, des fichiers au format WordPerfect 5 traînent dans les archives (le passage de WordPerfect à Word n’a d’ailleurs pas été choisi mais subi : il a été fait sous la pression des partenaires de la FPH qui ne pouvaient pas lire le format).

Choix des logiciels

Le choix s’est très vite porté vers OpenOffice et Mozilla (la suite Mozilla pour commencer puis le couple Thunderbird/Firefox). À eux trois, OpenOffice, Firefox et Thunderbird couvrent 90% des tâches informatiques de la FPH. OpenOffice a été testé tout au long de l’année 2004 par les membres de la FPH les plus avertis en informatique afin, d’une part de vérifier que tous les besoins en matière de traitement de texte et de tableurs étaient couverts et, d’autre part, afin que ces personnes se sentent suffisamment sûres d’elles dans la maîtrise du logiciel pour servir de conseils aux autres membres de l’équipe ou aux partenaires. La migration de tous les postes a eu lieu à l’hiver 2004-2005.

La migration vers Firefox a été la plus transparente : les fonctionnalités de base d’un navigateur restent très simples et il suffit souvent de changer le navigateur par défaut pour que les utilisateurs ne se rendent compte de rien.

La migration vers Thunderbird n’a pas non plus posé trop de difficultés : la gestion des indésirables, fonction absente de la version d’Eudora alors en usage, a suffi à emporter l’adhésion des utilisateurs.

La migration vers OpenOffice a été la plus compliquée parce qu’un traitement de texte dispose de nombreuses fonctions. La différence entre Word et OpenOffice est plus sensible que celle entre Firefox et Internet Explorer.. D’autre part, il se pose la question du format des fichiers et notamment la lecture du « .doc ».

L’ensemble de l’équipe a bénéficié d’une formation assurée par une entreprise agréée (la FPH a utilisé son plan de formation et a sollicité son OPCA : l’AGEFOS). Cette formation a permis aux membres de l’équipe de prendre en main les logiciels, même si bien sûr, en matière d’informatique, rien ne vaut la pratique. L’intervention d’un tiers extérieur rassure également les équipiers peu au fait de l’informatique et se sentent moins « livrés à eux-mêmes ».

Les 10% restants

Le logiciel de paie pour le service comptable, une version de QuarkExpress pour la mise en forme du rapport annuel, un dictaphone avec le logiciel de transfert des fichiers vers une entreprise de dactylographie pour la direction sont autant de logiciels qui n’ont pas d’équivalent libres ou, s’il en existe, demanderaient un effort trop important de réapprentissage. Ce sont ces logiciels qui ont été un frein au basculement vers le système d’exploitation GNU/Linux. Chaque cas a été réglé progressivement mais il a été nécessaire de garder certains postes sous Windows spécifiquement pour cela.

Migration des serveurs

Autre migration importante, celle des serveurs. Cette migration reste cependant une affaire de spécialistes et tout est fait pour que cela reste transparent pour les utilisateurs.

Commentaires :

La migration vers les logiciels libres ne doit pas être faite d’un bloc mais être réfléchie fonction par fonction. C’est par fonction que l’on évaluera la difficulté du passage d’un logiciel à un autre, le temps d’appropriation nécessaire, les résistances qui vont naître des utilisateurs qui auront l’impression qu’on leur force la main. Si, par exemple, l’installation de Firefox peut se faire sans demander l’avis des utilisateurs non avertis qui ne verront pas les différences, l’installation d’OpenOffice ne peut pas se faire « dans leur dos ».

Pour ceux qui ne maîtrisent pas l’informatique, l’ordinateur est un outil à la fois indispensable et hostile. Présenter les logiciels libres sous l’angle philosophique provoquera une adhésion en théorie mais pas du tout dans la pratique. Il est donc de la responsabilité des techniciens ou du bénévole responsable, de montrer que l’installation d’un logiciel n’est pas seulement une nouvelle démonstration du technicisme triomphant mais bien un service qui leur est utile au quotidien. Il est indispensable de communiquer sur les « fonctions décisives » des différents logiciels, celles qui vont apporter une réelle amélioration dans le travail de tous les jours : l’exemple le plus flagrant de la « fonction décisive » est le gestionnaire des indésirables de Thunderbird grâce auquel, du jour au lendemain, l’utilisateur ne se voit plus agressé par des courriels pornographiques.

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